Yves Pagès – Tout part d’un rendez-vous manqué. En 1997, François Wastiaux enregistre une adaptation des œuvres de Depardon pour France culture. Un spectacle est prévu au Festival d’Avignon l’année suivante. Sauf qu’entre-temps Depardon s’est rétracté, jugeant qu’un tel cut up fictionnel trahit « l’équidistance morale » de son rapport au réel. Face à ce veto tardif, je recentre la pièce autour d’un certain Xavier Yzard, ciné-reporter fictif. Situation scénique a minima : une salle de conférence, un régisseur son & image, deux paparazzi aux aguets. Comble du fiasco, l’invité fait faux bond. Faute de mieux, on passera une bande audio. Son récit commence dans la pénombre, mais une jeune femme surgit comme de nulle part pour porter plainte. Un spectateur lambda la rejoint et tape à la machine sa déposition. Déjà nous sommes au commissariat, puis à l’ANPE, puis en long séjour psychiatrique… Mais sans avoir jamais quitté l’espace mental du documentariste, au fil d’une voix off rattrapée par les personnages de ses films. Comme si ces spectres hyperréels avaient crevé l’écran de la représentation pour y piéger leur cinéaste d’égal à égal. Création au Lycée Saint-Joseph (Avignon 98), publication aux Solitaires Intempestifs, reprise au TGP (Saint-Denis, juin 99). Quant au titre, c’est un hommage au délicieux lapsus d’un malade interpellant Depardon en plein tournage, dans l’asile de San Clemente.