Yves Pagès – Rien qu’une Performance, mais le mot est déjà bouffé de l’intérieur par la langue de bois de « l’évaluation ». Ou alors un Happening, mais là aussi c’est récupéré par la culture de « l’événementiel ». Disons une « vraie-fausse conférence » de management. Et comme, en novlang, ça s’appelle Power point, ce genre de réunion où le big boss fait le point devant ses collaborateurs, suffisait de traduire au pied de la lettre : Pouvoir point. Avant de l’écrire, puis de l’imaginer sur scène, j’ai expérimenté la chose en direct, au printemps 2004, peu après le rachat du Seuil par le groupe La Martinière : tous les cadres conviés à l’Espace Cardin pour subir le speech du P-DG, ponctué par quelques visuels sur grand écran. Son & Lumière risible à force de volontarisme rhétorique et d’infantilisation humiliante. Au-delà du caricatural. D’où la difficulté d’en concevoir une satire qui sonne juste. Alors surtout ne pas en rajouter, sous-jouer littéralement, avec l’Auguste régisseur François Wastiaux au rétroprojecteur, et une charte graphique très sobrement postmoderne conçue avec Philippe Bretelle. Mais j’avais envie d’autre chose qu’une parodie critique : mettre la parole de ce manager en péril, au plus près de ses contradictions, surmener son intelligence artificielle jusqu’à implosion manifeste de ses fêlures intérieures : un gospel de Janis Joplin chanté a capella. Déjà une quinzaine de représentations. Pas de publication prévue, mais des extraits textuels & visuels ici même. Bas les masques, Error system.